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Grammaire française : Pourquoi il faut abolir l'accord du participe passé avec avoir.
Par Fred - French teacher, Publié le Sep 12, 2018 3:08:24 PM 3
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Ce n’est pas une surprise, la plupart des étrangers trouvent la langue française difficile à apprendre. En cause, la grammaire, l’orthographe et la conjugaison qui sont remplies de règles compliquées et d’exception. Même les natifs francophones ont bien du mal à intégrer ces règles. Alors pourquoi ne pas simplifier quelques règles grammaticales ? C’est ce que proposent deux anciens professeurs de français en Belgique, relançant ainsi un débat récurrent…
“Orthographe, la guerre que les Belges ont déclaré(e).” En plaçant ce titre sur sa Une, le journal Libération sait qu’il frappe fort. Le titre est provocant, étonnant, intriguant et surtout, il relance un débat qui déclenche les passions : faut-il simplifier les règles de grammaire et d’orthographe ?

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L’abolition de l’accord du participe passé chez les Belges, une bonne idée ?

Que les professeurs de français et les étudiants se rassurent : aucune réforme n’est pour l’instant passée à propos de l’accord du participe passé. En fait, tout le débat est parti de la tribune écrite par Arnaud Hoedt et Jérôme Piron dans Libération. Ces deux anciens professeurs de français en Belgique estiment que la règle de l’accord du participe passé est trop compliquée, alors qu’elle ne repose sur aucune explication censée.

Dans la grammaire française, "le participe passé conjugué avec l'auxiliaire avoir s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct (COD) si celui-ci est placé avant". Ainsi, on écrit “j’ai mangé des crêpes”, mais “les crêpes que j’ai mangées”... Selon les deux professeurs, il serait plus logique d’abolir cette règle et d’écrire “les crêpes que j’ai mangé”.

Effectivement, quand on s’attarde sur la raison d’une telle règle, on réalise que l’explication remonte au Moyen- Âge. À l’époque, quand les moines recopient les textes, ils peuvent facilement accorder le participe passé si le complément est placé avant le verbe. “Les disciples que Jésus a vus” : les moines voient au début de la phrase qu’il s’agit d’un pluriel et font facilement l’accord. Mais s’ils commencent la phrase par “Jésus a vu…”, il est nécessaire d’attendre le complément, qui peut se trouver loin dans la phrase. Le temps qu’ils y arrivent, ils oublient de faire la correction. Cela expliquerait pourquoi on ne fait l’accord avec le verbe avoir que si le COD est placé avant le verbe.

Voici la nouvelle règle qu’ils proposent : “Le participe passé, avec l’auxiliaire être, s’accorde comme un adjectif (c’est-à-dire avec le mot auquel il se rapporte). Avec l’auxiliaire avoir, il ne s’accorde pas.” Arnaud Hoedt et Jérôme Piron ajoutent que l’invariabilité est déjà utilisée à l’oral. “Les linguistes vous le diront : l’orthographe n’est pas la langue, mais l’outil graphique qui permet de transmettre, de retranscrire la langue, comme les partitions servent la musique. Puisque les langues évoluent, leur code graphique devrait en faire autant, ce qu’il n’a cessé de faire en français.”

L’évolution de la langue française et les précédentes réformes

Effectivement, ce n’est pas la première fois que des professeurs et des linguistes proposent une réforme de la langue française. Et certaines règles d’orthographe ont déjà été modifiées pour faciliter l’apprentissage du français ! En 1990, Michel Rocard, Premier ministre de la France à l’époque, a demandé une grande réforme de l’orthographe. Il en a résulté plusieurs changements d’orthographe, qui ne sont pas toujours respectés, même 28 ans plus tard. En effet, ces règles n'ont aucun caractère obligatoire.

Cette réforme s’attaque entre autres :
- au trait d’union. On peut maintenant écrire portefeuille au lieu de porte-feuille.
- aux accents aigus et graves. Pour respecter la prononciation, on n’écrit plus “événement” mais “évènement”).
- à l’accent circonflexe. Il est supprimé sur les lettres “i” et “u”, sauf dans les terminaisons verbales et pour aider à différencier des homonymes. On peut donc écrire maitriser au lieu de maîtriser.

Puisque cette réforme n’a rien de contraignant, les manuels scolaires et les maisons d’édition ont continué d’utiliser l’ancienne orthographe. Ce n’est qu’en 2016, après la publication du Bulletin Officiel spécial du 26 novembre 2015, que certains manuels scolaires ont décidé d’adopter la nouvelle orthographe pour la rentrée scolaire 2016. Ce qui a évidemment relancé un débat sans fin !

Simplifier la langue française, est-ce l’abîmer ?

Quand cette réforme de l’orthographe a fait l’actualité en 2016, de nombreuses personnes s’y sont violemment opposées. Comme en 1990, une partie des Français refuse en bloc cette nouvelle orthographe, invoquant un “nivellement vers les bas”. Pour certains, simplifier la langue française, c’est l’abîmer et renoncer à la richesse de ses origines latines. Pour de nombreux amoureux du français, il est enrichissant d’apprendre les origines d’un mot et pourquoi celui-ci a évolué il y a plusieurs siècles… Avoir une langue complexe est en fait vu comme une fierté, et la maîtriser devient un art.

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Sauf que l’orthographe compliquée du français serait en fait un choix politique de la part des “élites” ! “Dès le départ, quand l’Académie française est créée en 1635 pour écrire un dictionnaire et une grammaire, certains membres se positionnent pour une orthographe érudite, avec des emprunts au latin et au grec. Le “h” de théâtre par exemple”, explique le linguiste Fabrice Jejcic, interrogé par Libération. La preuve ? En 1673, l’académicien Mezeray a écrit dans ses cahiers : “La compagnie (Académie) déclare qu’elle désire suiure (suivre) l’ancienne orthographe qui distingue les gents de lettres d’auec (avec) les jgnorants (ignorants) et les simples femmes.” Une phrase qui a soigneusement été enlevée dans la préface du dictionnaire.

Simplifier la grammaire et l’orthographe de la langue française permettrait en fait de la rendre plus accessible et surtout, plus facile à apprendre.

C’est un argument de poids en faveur d’une autre réforme du français : en moyenne, les élèves passent 80 heures à apprendre ces règles à l’école… Sûrement pour en oublier la moitié une fois adulte. Simplifier le français permettrait donc aux étudiants d’avoir plus de temps libre pour développer d’autres savoirs. Imaginez ce que vous pourriez découvrir sur la science et l’histoire au lieu d’apprendre par coeur le pluriel des mots en “-ou” comme hibou, pou et bijou ? Quant aux étrangers qui désirent apprendre le français, cela leur permettrait de moins se décourager face à des règles qui n’ont pas de sens pour eux.

Quand nouvelle ou ancienne orthographe sèment le doute

Reste à savoir si actuellement, il serait possible de faire une réforme du français. Depuis la réforme de 1990, la nouvelle orthographe n’est pas toujours utilisée. Et comme les deux orthographes sont autorisées par l’administration et l’enseignement, on aura tendance à utiliser l’orthographe à laquelle on est habituée… De plus, pour apprendre une langue et en maîtriser son orthographe et sa grammaire, il est recommandé de lire beaucoup de livres. Or, si on ne cesse de lire les mots “maîtriser”, “oignon” et “nénuphar”, il va sembler archaïque et laid de les écrire “maitriser”, “ognon” et “nénufar”.

Sans réforme obligatoire et sans le soutien de l’enseignement et des maisons d’édition, une énième réforme de la langue française risquerait de semer un peu plus le doute dans l’esprit des étudiants. Sans oublier les étrangers souhaitant apprendre le français et qui liraient tout et son contraire dans les anciennes méthodes linguistiques.

Le débat n’a donc pas fini de faire rage entre les protecteurs de la langue française et ceux qui accepteraient avec plaisir une évolution plus simple du français. Et vous, pensez-vous que le français, trop compliqué, devrait être simplifié pour les futures générations ? Ou pensez-vous que la beauté de la langue française devrait être préservée malgré sa complexité ?
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